Le pardon, un cadeau qu’on offre à soi-même et aux autres
A. VALDERRAMA (CALVO)02.12.2021
NOËL ET LES CADEAUX …
En cette période de Noël, nous nous sommes certainement demandé quel cadeau nous aimerions recevoir ou avons essayé de deviner ce qui pourrait faire plaisir autour de nous.
La lecture de l’ouvrage Le livre du pardon de Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix en 1984 pour son engagement dans la lutte contre l’apartheid, m’a permis de réfléchir au pardon comme un cadeau que nous pouvons nous offrir à nous-mêmes, en l’octroyant à d’autres ou en le demandant à ceux que nous avons pu blesser.
Alexandre Nussbaumer nous a proposé une réflexion sur le pardon (voir article de blog du site : Le pardon, comme une histoire de vie). Il s’est inspiré en partie du livre de Desmond Tutu, fruit du travail de celui-ci à la tête de la « Commission vérité et réconciliation » de 1996 à 1998. À ce poste, il a entendu des récits bouleversants, des aveux terribles, des repentirs sincères ainsi que des pardons accordés inconditionnellement.
NOUS-MEMES, VICTIME OU AGRESSEUR ? LES DEUX PEUT-ETRE ?
Chacun d’entre nous peut se retrouver dans le rôle de la victime et, l’instant d’après, basculer dans celui de l’agresseur.
Les blessures reçues ou infligées ne sont pas équivalentes mais nous entêter à les comparer ou à les soupeser ne nous mènera qu’à nous enfermer dans un tourbillon de victimisations et de dénis.
Pour Desmond Tutu, « il n’existe aucun acte qui ne puisse être pardonné et il n’existe aucune personne qui ne puisse être pardonnée ».
POURQUOI PARDONNER ?
Nous pardonnons pour nous aider nous-mêmes, pour nous libérer de l’emprise sous laquelle nous tient le ressentiment. Sans pardon, nous sommes prisonniers de la personne qui nous a blessés et restons reliés à elle par des chaînes d’amertume.
Le pardon ne nous est pas naturel mais nous pouvons développer une « culture du pardon » afin de créer en nous le réflexe de pardonner. Reconnaître ce qui nous agace de manière injuste et disproportionnée chez nos proches nous permet de visualiser le moment où nous pouvons bifurquer et choisir le chemin du pardon plutôt que celui de la vengeance.
QUATRE ÉTAPES POUR JALONNER LE CHEMIN DU PARDON
On peut distinguer quatre étapes sur le chemin du pardon :
Raconter l’histoire, nommer la blessure, accorder le pardon et renouveler ou rompre la relation.
Voir le schéma en bas de page : le cycle de la vengeance et cycle du pardon (Source Le livre du pardon p.53)
NE PLUS ÊTRE VICTIME
> Raconter l’histoire, c’est le risque à prendre pour ne pas rester enchaîné au statut de victime. Ce premier pas peut être difficile sur le plan émotionnel car nous craignons de raviver notre blessure, de nous heurter à l’incrédulité ou de ne pas rencontrer une écoute bienveillante.
> Nommer la blessure, nous permet de percevoir notre douleur et de l’accepter, au lieu d’en avoir honte et de chercher à la dissimuler.
Ses racines peuvent être profondes et le seul moyen de les atteindre est la vérité, sans chercher à protéger notre image ou celle de notre agresseur. Sans acceptation de notre douleur nous ne pourrons nous libérer de son emprise.
> Accorder son pardon. Pour avancer, il nous faut reconnaître chez l’autre sa part d’humanité. Desmond Tutu nous explique comment, aux moments les plus sombres de l’apartheid, il a prié pour le président de l’Afrique du Sud, pour qu’il découvre son humanité et s’ouvre ainsi à celle des autres.
C’est en reconnaissant notre humanité partagée que nous sommes capables de pardonner. En accordant notre pardon, nous quittons une logique de rétribution et de mérites ou de fautes. Nous nous hissons au-dessus de cette comptabilité pour nous connecter à la part d’humanité que tout homme, toute femme a en elle, en lui.
> Renouveler ou rompre la relation, c’est un choix qui nous appartient. Nous pouvons tout aussi bien nouer une relation nouvelle avec une personne qui n’a été pour nous qu’un agresseur comme nous pouvons décider de rompre une relation avec un proche une fois le pardon accordé.
L’auteur nous rapporte ici plusieurs histoires de parents de victimes ayant construit une histoire commune avec l’agresseur et qui ont ainsi donné un sens à ce qu’ils ont traversé.
LE BESOIN D’ÊTRE PARDONNÉ
La dernière partie du livre « Tout peut être pardonné » s’adresse à ceux qui ressentent le besoin d’être pardonnés, c’est-à-dire chacun d’entre nous car nous commettons tous des erreurs et infligeons des blessures. Elle fournit des pistes afin de nous aider dans cette démarche. Rien ne garantit que celle-ci aboutisse mais nous avons à faire humblement notre part.
LE BESOIN DE SE PARDONNER A SOI-MÊME
Un chapitre est consacré au pardon à soi-même et au chemin particulier qu’il nous demande de suivre afin de sortir de la culpabilité et de la honte.
Un thème parcourt tout le livre : nous ne pouvons pardonner, être pardonnés ou guérir dans l’isolement. C’est en connexion avec les autres que nous développons de la compassion pour eux et pour nous-mêmes.
UNE FAMILLE HUMAINE POUR PRENDRE SOIN LES UNS DES AUTRES
Nous avons été créés pour former une famille humaine, pour vivre en interdépendance et non en autosuffisance. Nous prenons soin de notre monde en prenant soin les uns des autres, en cultivant notre capacité à pardonner. Nous pouvons reconnaître en chacun un frère, une sœur, un précieux enfant de Dieu qui a en lui, en elle, la capacité de changer, s’il s’engage sur cette voie.
QUEL PLUS BEAU CADEAU POUVONS-NOUS NOUS OFFRIR OU OFFRIR AUX AUTRES ?
Pour les chrétiens, le modèle du pardon est Jésus qui a pardonné à ses tortionnaires et à ses disciples qui l’avaient abandonné. Il nous pardonne jour après jour nos fautes et nos manquements, il nous donne une communauté de frères et sœurs avec lesquels nous pouvons vivre la réalité du pardon reçu et octroyé.
ET VOUS LECTEURS, AVEZ-VOUS ENVIE DE CE CADEAU POUR NOËL ?
Si vous souhaitez être accompagnés sur ce chemin, rejoignez-nous ou prenez contact avec nous pour un entretien si votre cœur vous y appelle contact@eelparis.org
Partager
Tous les articles >