Le pardon comme une histoire de vie
A.NUSSBAUMER18.10.2021
Le pardon comme une histoire de vie
VIVRE, C’EST PERDRE.
Perdre notre jeunesse.
Perdre certaines de nos illusions sur nous-même et sur les autres.
Perdre notre emploi.
Perdre nos proches ou nos amis.
Oui vivre, c’est perdre.
Une question vitale émerge alors : comment faire face à ces pertes sans qu’elles nous submergent ?
Ou, dit autrement, quelle manière de vivre permet de traverser les tragédies ?
Essayons une réponse : le pardon.
Il n’est pas la fonction « formater » que nous activons lorsque notre ordinateur se perd et qui lui permet de redémarrer comme si de rien n’était, comme si la perturbation n’avait jamais existé, dans une mémoire complètement effacée.
Non, le pardon n’ignore pas la perte, ni la tragédie, mais il la transcende[1].
Le pardon est alors la forme de vie qui permet de ne pas rester figé ou enfermé dans la perte.
Comparons courtement deux histoires et leurs horizons :
Edmond Dantès est un jeune marin a qui la vie sourit abondamment : jeune et déjà promu capitaine, fils modèle, fiancé aimé de Mercédès. Soudain, par l’intermédiaire d’un complot, ses « amis » envieux le livrent à la prison. Tout se brise.
Dumas insiste sur le désarroi de Dantès.
Dumas lui offre alors un compagnon de cellule, un sage, l’Abbé Faria. Celui-ci met à jour le complot et confie à Dantès instruction et fortune. Au gré d’une évasion qui ne laisse aucune trace, voilà Dantès renvoyé au monde des vivants.
Physiquement marqué et méconnaissable, Dantès se livre alors à une vengeance patiente et terrible.
L’essentiel du récit focalise alors sur le raffinement de cette vengeance et son horizon : disgrâces, suicides, folie.
Dantès, qui se posait en justicier, constate comment une justice basée sur la mémoire de la faute sème la mort et la désolation. Nourri de vengeance, Dantès est devenu vengeance.
Seules les dernières pages offrent un maigre espoir : Dantès est aimé de Haydée :
"Je dis qu’un mot de toi, Haydée, m’a plus éclairé que vingt ans de ma lente sagesse ; je n’ai plus que toi au monde, Haydée ; par toi je me rattache à la vie, par toi je puis souffrir, par toi je puis être heureux" [2].
Il touche du bout du doigt la nécessité d’une forme de justice supérieure, non pas rétributive (qui rend à chacun son dû), mais restaurative (qui rend à chacun ce qui fait vivre).
Osons une comparaison avec l’histoire de Jésus.
Jésus aussi est jeune et tout semble lui réussir. Il enseigne avec sagesse, guérit avec succès, manifeste de la compassion envers tous. Il gagne les foules et perturbe l’ordre établi. Il suscite lui aussi une certaine envie.
Les évangiles décrivent alors le complot qui se noue entre les autorités juives accusatrices, le pouvoir romain consentant, la foule versatile et les disciples bien lâches. Tous contribuent à la mise en croix de Jésus.
Que peut-il bien se passer dans le for intérieur de Jésus alors qu’il se meurt sur la croix ? Quelle justice va-t-il rendre ? Jésus dit alors : « Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23.34).
Trois jours après sa mort, Jésus revient à la vie et rencontre ses disciples.
Il conserve de la mort les stigmates, mais ne manifeste envers ses disciples aucune rancune, aucune amertume, aucune vengeance.
Bien au contraire, Jésus leur assure qu’ils sont aimés et pardonnés (Jn 21). Ils peuvent donc traverser leur lâcheté et aller vers la vie.
Lors de la Cène, ils font mémoire de Jésus et apprennent à cultiver une mémoire aimante et non rancunière. En apprenant à être pardonnés, gratuitement, par Jésus qui leur fait grâce, les chrétiens reçoivent alors une précieuse ressource pour faire grâce à leur tour.
Ce chemin en miroir d’accorder le pardon est difficile. Nous sommes souvent balbutiants et maladroits quand il s’agit de le faire. Nous sommes tentés de conserver de la rancune ou de nous venger de celui ou celle qui nous a fait du mal.
C’est pour cela que nous avons besoin d’une communauté qui accorde de l’importance au pardon et qui soutient la pratique du pardon.
Ensemble, nous nous accompagnons vers l’horizon qu’ouvre le pardon : vivre, c’est aimer.
Des membres de l'église vous accueillent à l'église 85 Rue d'Alésia, entre 12 et 14 heures du lundi au vendredi, et la communauté lors du culte à 10h30 tous les dimanches.
Alexandre NUSSBAUMER
VIVRE, C’EST PERDRE.
Perdre notre jeunesse.Perdre certaines de nos illusions sur nous-même et sur les autres.
Perdre notre emploi.
Perdre nos proches ou nos amis.
Oui vivre, c’est perdre.
Une question vitale émerge alors : comment faire face à ces pertes sans qu’elles nous submergent ?
Ou, dit autrement, quelle manière de vivre permet de traverser les tragédies ?
Essayons une réponse : le pardon.
VIVRE, C'EST PARDONNER
Le pardon n’est pas un acte magique.Il n’est pas la fonction « formater » que nous activons lorsque notre ordinateur se perd et qui lui permet de redémarrer comme si de rien n’était, comme si la perturbation n’avait jamais existé, dans une mémoire complètement effacée.
Non, le pardon n’ignore pas la perte, ni la tragédie, mais il la transcende[1].
Le pardon est alors la forme de vie qui permet de ne pas rester figé ou enfermé dans la perte.
Comparons courtement deux histoires et leurs horizons :
LA VIE SELON MONTE-CRISTO
Dans le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas nous livre un étonnant récit de vie.Edmond Dantès est un jeune marin a qui la vie sourit abondamment : jeune et déjà promu capitaine, fils modèle, fiancé aimé de Mercédès. Soudain, par l’intermédiaire d’un complot, ses « amis » envieux le livrent à la prison. Tout se brise.
Dumas insiste sur le désarroi de Dantès.
Dumas lui offre alors un compagnon de cellule, un sage, l’Abbé Faria. Celui-ci met à jour le complot et confie à Dantès instruction et fortune. Au gré d’une évasion qui ne laisse aucune trace, voilà Dantès renvoyé au monde des vivants.
Physiquement marqué et méconnaissable, Dantès se livre alors à une vengeance patiente et terrible.
L’essentiel du récit focalise alors sur le raffinement de cette vengeance et son horizon : disgrâces, suicides, folie.
Dantès, qui se posait en justicier, constate comment une justice basée sur la mémoire de la faute sème la mort et la désolation. Nourri de vengeance, Dantès est devenu vengeance.
Seules les dernières pages offrent un maigre espoir : Dantès est aimé de Haydée :
"Je dis qu’un mot de toi, Haydée, m’a plus éclairé que vingt ans de ma lente sagesse ; je n’ai plus que toi au monde, Haydée ; par toi je me rattache à la vie, par toi je puis souffrir, par toi je puis être heureux" [2].
LA VIE SELON JESUS
Dumas conclut donc que le cycle de la vengeance et des représailles alimente la perte et ne fait naître aucune vie.Il touche du bout du doigt la nécessité d’une forme de justice supérieure, non pas rétributive (qui rend à chacun son dû), mais restaurative (qui rend à chacun ce qui fait vivre).
Osons une comparaison avec l’histoire de Jésus.
Jésus aussi est jeune et tout semble lui réussir. Il enseigne avec sagesse, guérit avec succès, manifeste de la compassion envers tous. Il gagne les foules et perturbe l’ordre établi. Il suscite lui aussi une certaine envie.
Les évangiles décrivent alors le complot qui se noue entre les autorités juives accusatrices, le pouvoir romain consentant, la foule versatile et les disciples bien lâches. Tous contribuent à la mise en croix de Jésus.
Que peut-il bien se passer dans le for intérieur de Jésus alors qu’il se meurt sur la croix ? Quelle justice va-t-il rendre ? Jésus dit alors : « Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23.34).
Trois jours après sa mort, Jésus revient à la vie et rencontre ses disciples.
Il conserve de la mort les stigmates, mais ne manifeste envers ses disciples aucune rancune, aucune amertume, aucune vengeance.
Bien au contraire, Jésus leur assure qu’ils sont aimés et pardonnés (Jn 21). Ils peuvent donc traverser leur lâcheté et aller vers la vie.
LE PARDON CHRETIEN
Le pardon chrétien est alors le miroir de la vie pardonnée manifestée par Jésus. Les chrétiens se réunissent dimanche après dimanche pour célébrer le culte. Ils y entendent l’histoire de Jésus et reçoivent son pardon.Lors de la Cène, ils font mémoire de Jésus et apprennent à cultiver une mémoire aimante et non rancunière. En apprenant à être pardonnés, gratuitement, par Jésus qui leur fait grâce, les chrétiens reçoivent alors une précieuse ressource pour faire grâce à leur tour.
Ce chemin en miroir d’accorder le pardon est difficile. Nous sommes souvent balbutiants et maladroits quand il s’agit de le faire. Nous sommes tentés de conserver de la rancune ou de nous venger de celui ou celle qui nous a fait du mal.
C’est pour cela que nous avons besoin d’une communauté qui accorde de l’importance au pardon et qui soutient la pratique du pardon.
Ensemble, nous nous accompagnons vers l’horizon qu’ouvre le pardon : vivre, c’est aimer.
ET VOUS, OU EN ETES-VOUS DU PARDON ?
Venez en parler avec nous.Des membres de l'église vous accueillent à l'église 85 Rue d'Alésia, entre 12 et 14 heures du lundi au vendredi, et la communauté lors du culte à 10h30 tous les dimanches.
Alexandre NUSSBAUMER
[1] Voir l’étonnante histoire d’un pardon amish dans Donald B Kraybill, Steven M Nolt, David Weaver-zercher, Quand le pardon transcende la tragédie: les Amish et la grâce, Charols, Excelsis, 2014.
[2] Alexandre DUMAS, Le Comte de Monte-Cristo, volume II, Paris, Presses de la Renaissance, 1972, Chapitre LXI, « le 5 Octobre » p. 585.
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